Le dérèglement climatique et la ressource en eau
Le dérèglement mondial du climat est en marche et il s’observe aussi à Belle-Ile-en-Mer…
La floraison et la fructification de la végétation sont plus précoces… La saison des champignons est également décalée d’une année sur l’autre.
D’après les habitants de l’île, ces phénomènes s’accélèrent d’année en année.
Bien que le niveau des précipitations reste “stable” avec une moyenne annuelle de 660 mm, les phénomènes pluvieux sont de plus en plus aléatoires.
- 4 mm de précipitations en février 2023 : du jamais vu depuis 2000.
- 111 mm d’eau en moins en 2023, ce qui porte l’écart à 16 % par rapport à la normale (entre 1981 et 2010).
- Les températures augmentent doucement mais sûrement : 16,2 degrés Celsius en novembre 2023, ce qui apporte un écart de 1,6 degré par rapport à la normale (entre 1981 et 2010).
Sources :
Opération “pluviomètres” : https://www.belle-ile-nature.org/thematiques/eau/
https://www.infoclimat.fr/climatologie/globale/belle-ile-le-talut/07207.html
Au niveau mondial, le changement climatique se traduit par une modification non uniforme des précipitations terrestres. En effet, les zones subtropicales (hautes latitudes) tendent à s’assécher alors qu’une augmentation des précipitations au niveau des faibles et moyennes latitudes est observée.
En France, l’évolution des précipitations est contrastée. Elles sont en hausse progressive lors de la période hivernale et en diminution pour la période estivale.
Toutefois, un renforcement des précipitations extrêmes est observé sur une large partie du territoire (et notamment dans le sud), avec une forte variabilité dans les zones concernées.
La montée du niveau des eaux
La France est fortement concernée par ce phénomène du fait des 6000 kms de littoral bordant la métropole et ses territoires d’Outre-mer.
En métropole, la hausse du niveau de l’océan sur la période 1980-2004 a été de 3,0 mm/an à Brest et de 2,6 mm/an à Marseille sur la période 1980-2012.
En Outre-mer, entre 1950 et 2010, la hausse a atteint 3 mm/an en Polynésie française et 2 mm/an à Nouméa (Nouvelle Calédonie).
De 1993 à 2019, le niveau moyen des océans a augmenté de 3,36 mm par an.
Source : https://www.eaufrance.fr/les-impacts-du-changement-climatique-sur-leau
Les preuves scientifiques sont claires : le climat est en train de changer et continuera de changer, affectant les sociétés principalement par le biais de l’eau. Le changement climatique affectera la disponibilité, la qualité et la quantité d’eau pour les besoins humains fondamentaux, menaçant la jouissance effective des droits humains à l’eau et à l’assainissement, pour potentiellement des milliards de personnes. L’altération du cycle de l’eau posera également des risques pour la production d’énergie, la sécurité alimentaire, la santé humaine, le développement économique et la réduction de la pauvreté, compromettant ainsi gravement la réalisation des objectifs de développement durable.
Sources : https://fr.unesco.org/themes/water-security/wwap/wwdr/2020
La démographie et la fréquentation en augmentation
A l’image de la région Bretagne, Belle-Ile-en-Mer n’échappe pas à un phénomène d’attractivité.
- La fréquentation touristique est en constante augmentation et reste marquée par la saisonnalité. Certains visiteurs, (pas tous heureusement) amènent dans leurs valises les habitudes de consommation et des usages de l’eau liés aux activités touristiques : plusieurs douches par jour, lavage des voitures de location ou remplissage des piscines en sont des exemples.
- Chaque long week-end ou période de vacance scolaire est marqué par des pics de consommation auxquels il faut s’adapter.
- La démographie de l’île augmente progressivement : La population belliloise résidente à l’année s’élevait à 5 528 habitants (INSEE 2020).
La santé et l’environnement
Avec la baisse du niveau des cours d’eau, la qualité de la ressource peut être impactée. Alors que l’eau est vitale et peut nous apporter du bien-être, il nous faut préserver ses propriétés naturelles.
Avec ces évolutions en cours, la question se pose concernant la disponibilité des ressources en eau sur l’île à l’avenir.
Il convient dès maintenant de nous adapter et de réduire nos consommations.
Avec ces évolutions en cours, la question se pose concernant la disponibilité des ressources en eau sur l’île à l’avenir. Il convient dès maintenant de nous adapter et de réduire nos consommations.
AVENIR
La sobriété
Sans retourner au lavoir, il est possible de s’inspirer des anciens usages de l’eau pour tendre vers plus de sobriété, ce dès aujourd’hui. La disponibilité de nos ressources en eau de demain en dépend, à Belle-Ile comme ailleurs !
Comment faire ?
1. En réduisant nos consommations directes par des écogestes :
Chasser les fuites, privilégier les douches, réutiliser l’eau de rinçage, bien remplir le lave linge, récupérer l’eau froide de la douche… un retour au bon sens en somme…
La consommation directe ?
La consommation directe concerne l’utilisation de l’eau pour boire, laver sa voiture, faire la cuisine, nettoyer ses vêtements, arroser son jardin etc.
Sur les 150 litres d’eau consommés directement par jour par chaque français :
93 % de l’eau utilisée à la maison sert à l’hygiène et au nettoyage :
- 39 % pour les bains et les douches
- 20 % pour les toilettes (chasse d’eau)
- 12 % pour le nettoyage du linge
- 10 % pour la vaisselle
- 6 % pour l’entretien de la voiture et du jardin
- 7 % est utilisée pour l’alimentation : boisson et cuisine.
Pour limiter sa consommation directe, quelques gestes simples :
- Chassez les fuites d’eau : Saviez vous qu’une seule fuite au goutte à goutte peut représenter jusqu’à 4 litres d’eau gaspillée par heure ?
Goutte à goutte : 4 litres/heure soit 35 m³/an = 108 €
Mince filet d’eau : 16 litres/heure soit 140 m³/an = 435 €
Filet d’eau : 65 litres/heure soit 550 m³/an = 1712 €
Fuite de chasse d’eau : 25 litres/heure soit 220 m³/an = 684 €
Pour limiter ces pertes d’eau, pensez à :
- Bien fermer votre robinet pendant que vous vous brossez les dents, que vous vous rasez, que vous nettoyez vos mains ou votre visage.
- Réparer sans tarder un robinet ou une chasse d’eau qui goutte.
- Fermer le robinet et le compteur d’eau lorsque vous partez en vacances ou que votre logement n’est pas occupé.
- Privilégier les douches aux bains :
En prenant une douche plutôt qu’un bain, vous économisez 100 litres d’eau… À condition de ne pas rester trop longtemps sous la douche. Une astuce : votre douche ne doit pas durer plus d’une chanson (environ 2 à 3 minutes). Et pensez à fermer le robinet lorsque vous vous savonnez. N’utilisez l’eau que pour vous mouiller puis vous rincer.
- Récupérer l’eau de rinçage pour arroser vos plantes :
Lorsque vous rincez vos fruits et légumes, vous pouvez récupérer l’eau utilisée pour arroser vos plantes. De même, pensez à récupérer l’eau des pichets après chaque repas pour votre jardin ou vos plantes d’intérieur.
- Utiliser la touche « éco » de votre lave-linge ou lave-vaisselle :
Tout d’abord, privilégiez les appareils ménagers (lave-linge, lave-vaisselle) économes en eau en consultant leur étiquette énergie. Choisissez de préférence les appareils classés A.
Pour un lave-vaisselle, suivant le classement de l’appareil, la consommation en eau peut varier de 15 litres à 40 litres. Et pour un lave-linge, la consommation en eau peut passer suivant les appareils de 60 à 130 litres.
Veillez à bien remplir ces appareils avant utilisation. Une machine qui tourne à moitié vide vous fait gaspiller de grandes quantités d’eau.
Et utilisez bien entendu la touche « éco » de votre appareil.
Le saviez vous ?
Une vaisselle effectuée en machine utilise entre 15 et 19 litres d’eau tandis qu’une même vaisselle faite à la main utilise entre 30 et 80 litres d’eau.
Si vous n’avez pas de lave-vaisselle, utilisez deux bacs d’eau dans votre évier, le premier pour nettoyer la vaisselle et le second pour la rincer.
- Récupérer et stocker les eaux de pluies :
En adoptant un système de récupération d’eau de pluie, non seulement vous pouvez réutiliser l’eau stockée pour l’arrosage de votre jardin et le nettoyage de votre voiture, mais vous limitez également les risques d’inondations en cas de fortes pluies.
- Arroser votre jardin de préférence le soir :
En arrosant le soir, vous limitez les pertes d’eau dues à l’évaporation vous faisant ainsi économiser entre 5 et 10 % d’eau. Par ailleurs, afin de réduire de moitié la fréquence des arrosages, pensez à biner régulièrement votre terre pour l’aérer. Pensez également à utiliser du matériel d’arrosage économique (« goutte à goutte », micro-asperseurs…).
2. En modifiant nos actes d’achats pour limiter les consommations indirectes de l’eau (appelées aussi “eau virtuelle”) :
La consommation indirecte de l’eau ?
La consommation indirecte concerne les quantités d’eau nécessaires à la production des biens et services que nous utilisons : sachez par exemple qu’il faut 2 500 litres d’eau pour fabriquer un T-Shirt ou encore 15 000 litres d’eau pour produire un 1 kg de viande bovine.
Cette utilisation indirecte de l’eau est également appelée « eau virtuelle ».
De l’exploitation des matières premières, au transport des produits finis jusqu’aux points de distribution en passant par la fabrication des machines-outils, notre consommation d’eau virtuelle peut atteindre plusieurs milliers de litres d’eau par jour.
Pour calculer votre empreinte eau : http://www.empreinteh2o.com/eau.php
3. En installant des équipements hydro économes : mousseurs, réducteurs de débit, cuve de récupération d’eau de pluie, toilettes sèches, douchettes…
- Optez pour un mitigeur thermostatique et isolez votre chauffe-eau
Vous pouvez économiser 15 % d’eau durant une douche en trouvant instantanément la bonne température grâce à un mitigeur thermostatique. Et si par ailleurs vous isolez correctement votre chauffe-eau, celui-ci atteindra la température voulue plus rapidement et nécessitera donc moins d’eau pour y parvenir.
- Installez un mousseur ou un aérateur sur vos robinets et pommeaux de douche
Le principe de l’aérateur est simple : en injectant des bulles d’air via votre robinet/pommeau de douche, il donne l’illusion que vous utilisez la même quantité d’eau qu’un robinet/pommeau de douche classique. Or, sans même vous en rendre compte, il réduit le débit d’eau de presque 50 %. D’autres systèmes, comme le régulateur de pression ou un stop-douche permettent d’augmenter encore la quantité d’eau économisée.
Pour en savoir plus sur les équipements hydro économes : https://www.ecoperl-shop.com/
Astuce : comment savoir si mon robinet est gourmand en eau ?
Pour évaluer le niveau de consommation de votre robinet ou pommeau de douche, faites couler l’eau dans un seau gradué au maximum de son débit et ce, durant quelques secondes. Puis convertissez ce débit pour obtenir le débit d’eau par minute.
- Installez une chasse d’eau à double débit :
En équipant votre chasse d’eau d’un système à double débit, vous pouvez économiser jusqu’à 7 litres d’eau par chasse. En mode normal, la chasse d’eau utilise 10 litres tandis qu’en mode économique, elle n’utilisera qu’entre 3 et 6 litres selon les modèles. Vous pouvez également diminuer le volume de remplissage de votre cuve d’eau en plaçant des briques ou des bouteilles d’eau à l’intérieur.
- Adoptez les toilettes sèches
30 à 40 % de notre facture en eau est liée à l’usage des toilettes.
10 litres d’eau par chasse d’eau, 40 litres d’eau par personne et par jour, soit un total de 14 mètres cubes par personne et par an.
Le prix de 1 m3 d’eau est d’environ 2 € (hors abonnement). Calcul pour 1 personne : 30 €/ an, pour une famille de 4 personnes : 120 €.
Les toilettes sèches offrent d’autres avantages :
- Moins de pollution en amont donc moins d’eau à épurer,
- Enrichissement de la terre par la restitution d’un humus riche issu du compostage,
- Prise en charge de ses déchets. L’utilisation de toilettes sèches s’inscrit dans une démarche de tri sélectif.
4. En s’informant régulièrement des enjeux et actualités de l’eau sur son territoire. En en parlant autour de soi…
Les arrêtés sécheresse sont malheureusement de plus en plus fréquents. Ils font l’objet de publications et de communication que nous pouvons tous relayer.
Par ailleurs des supports de sensibilisation, édités à travers des campagnes de communication sont régulièrement diffusés. Stickers, affiches, dépliants… ces supports sont disponibles à l’Office du tourisme de Belle-Ile-en-Mer, à la CCBI ou encore au CPIE – Maison de la nature.
Si vous souhaitez participer à la préservation de la ressource en eau, vous pouvez nous aider à diffuser ces supports.
4. En s’informant régulièrement des enjeux et actualités de l’eau sur son territoire. En en parlant autour de soi…
Les arrêtés sécheresse sont malheureusement de plus en plus fréquents. Ils font l’objet de publications et de communication que nous pouvons tous relayer.
Par ailleurs des supports de sensibilisation, édités à travers des campagnes de communication sont régulièrement diffusés. Stickers, affiches, dépliants… ces supports sont disponibles à l’Office du tourisme de Belle-Ile-en-Mer, à la CCBI ou encore au CPIE – Maison de la nature.
Si vous souhaitez participer à la préservation de la ressource en eau, vous pouvez nous aider à diffuser ces supports.
AVENIR
Adaptation
Au-delà de nos bonnes pratiques à la maison, nous pouvons aller plus loin en reconsidérant l’eau dans notre environnement.
Dans nos jardins, laissons la place aux eaux pluviales :
Au lieu de les rejeter dans le fossé, ou pire, dans le réseau d’eaux usées, intégrons les eaux pluviales dans nos jardins : infiltration dans le sol, récupération dans une cuve, création d’une noue ou d’une mare… les solutions simples et paysagères existent !
Pour en savoir plus sur la Gestion Intégrée des Eaux Pluviales :
PDF : 8 fiches pratiques, adaptation jardin au changement climatique
Dans nos champs, adaptons nos cultures :
Les agriculteurs le savent bien, des semis à la moisson, c’est la pluie qui décide !
Remplacer les cultures gourmandes en eau par de l’herbe ou du sorgho. Abreuver les animaux ou irriguer les productions de légumes avec de l’eau de pluie collectée en hiver… Les solutions sont déjà en place à Belle-Ile-en-Mer.
D’autres projets sont possibles avec, entre autres, de nouveaux outils qui viennent en aide aux agriculteurs qui doivent irriguer. Pour passer de l’eau quand je veux à l’eau quand il faut…
Le projet Optirrig porté par l’INRAE : https://hal.inrae.fr/hal-03405252/document
Dans nos villes, désimperméabilisons les sols :
Des cours d’école “Oasis” à la plantation d’arbres dans les rues, les projets en France ne manquent pas.
La présence d’arbres, d’espaces verts et de l’eau dans nos villes favorise les îlots de fraîcheur et limitent l’effet des canicules.
Pour en savoir plus :
- Lien cours d’écoles OASIS : https://www.caue75.fr/ateliers-a-l-ecole/ateliers-cours-oasis
- Lien “plus fraîche ma ville” : https://plusfraichemaville.fr/
- Lien “Végétalisation urbaine” : https://agirpourlatransition.ademe.fr/collectivites/amenager-territoire/vegetalisation-ville
La réutilisations les eaux usées :
La réglementation est en cours d’évolution sur la réutilisation des eaux usées. Filtrées, les eaux usées pourraient servir au nettoyage des sols, aux WC, au lavage des véhicules de services ou encore à l’arrosage des espaces verts…
2023 a été marquée par la publication du “Plan Eau” et de l’arrêté “REUT” qui assouplit et autorise l’utilisation des eaux usées pour certains usages agricoles.
Pour en savoir plus :
Les 53 mesures du “ Plan EAU” 2023 est une liste d’actions pour une gestion résiliente et concertée de l’eau.
Pour en savoir plus :
https://www.gouvernement.fr/preservons-notre-ressource-en-eau/les-53-mesures-du-plan-eau